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"J'ai bourré les urnes à chaque élection", dixit un militant de Ste-Suzanne


Politique
Mardi 3 Janvier 2012

Notre interlocuteur est sexagénaire. "Cela fait trente ans que je fais de la politique". Et à plusieurs reprises, "nous avons bourré les urnes et fraudé pour assurer l'élection de notre candidat. J'ai risqué la prison pour ces gens qui finalement n'ont aucune reconnaissance et aucun respect pour nous. Et j'étais prêt à recommencer".


Qui bourrent plus les urnes, les candidats de Gauche ou de Droite ? La réponse est apportée par un vieux routier de la politique. "Il y a du bourrage des urnes des deux côtés. Sur ce point, personne n'a de leçon à donner à l'autre camp. Et je vais vous dire pourquoi". Il y a plus de déception que d'amertume dans le regard du Sainte-Suzannois. Le camarade d'hier est devenu l'ennemi d'aujourd'hui. A abattre. Coûte que coûte.

Debout devant l'étal d'un maraîcher présent au marché forain de Sainte-Suzanne, le militant "de la première heure" raconte ces moments "qui font monter la tension. Bourrer les urnes, ce sont des moments particuliers. Nous étions bien organisés. Pendant la semaine, nous préparions les enveloppes, avec à l'intérieur le bon bulletin. Le jour J, chacun avait son bureau".

"Le bourrage des urnes devait se passer, la plupart du temps dans les bureaux les plus retirés, là où les adversaires avaient du mal à avoir des assesseurs. La fraude se déroule généralement à partir de 16h30. Lorsque les représentants des autres candidats ou listes sortent pour discuter, aller aux toilettes ou fumer une cigarette, c'est à cet instant, que nous opérons".

"Au préalable, nous avons repéré les électeurs qui ne viennent pas voter. Nous apposons une signature près de leur nom, et puis nous glissons le même nombre d'enveloppes dans l'urne. Ni vu, ni connu, je t'embrouille". Le scénario parfois se complique.

Il y a les jours où les assesseurs adverses ne quittent jamais le bureau de vote. Dans ce cas, nous avons deux possibilités. Soit, nous créons un désordre quitte à le menacer pour le faire sortir, soit, on passe un accord. Ainsi, ils ont le droit de mettre dans l'urne, le même nombre d'enveloppes que nous. Parfois, certains préfèrent juste une petite enveloppe pour fermer les yeux".

Et puis, il y a aussi la surprise du chef. L'électeur sensé avoir déjà voté qui débarque et découvre qu'il a déjà fait son devoir civique. Là, nous lui expliquons que c'est une simple erreur d'un précédent électeur". Et après on se demande parfois pourquoi il y a plus d'enveloppes que de signatures.

Et comment allez-vous procéder le dimanche 29 janvier à l'occasion du premier tour des Municipales partielles de Sainte-Suzanne ? "La priorité ce jour-là, sera de veiller à ce que notre principal(e) adversaire ne bourre pas les urnes. Et on sera vigilants dans tous les bureaux. Vous n'imaginez pas à quel point les gens sont sans scrupules…" Et il l'a dit sans rire !

Jismy Ramoudou


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